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TINTIN AU XXIe SIECLE
Une oeuvre qui n’aura jamais fini de dire tout ce qu’elle a à dire
Retour du colloque international de Louvain-la-Neuve
vendredi 26 mai 2017
"Un classique est un livre qui n’a jamais fini de dire ce qu’il a à dire" : à la lumière de cette définition donnée par l’écrivain italien Italo Calvino, l’oeuvre d’Hergé peut être considérée comme une oeuvre classique.
C’est ce qu’a mis en évidence le colloque international organisé du 17 au 20 mai à Louvain-la-Neuve en Belgique.
Accueilli au musée Hergé et au Collège Erasme de la faculté de philosophie, arts et lettres de l’UCL (Université catholique de Louvain), ce colloque, le premier de cette importance, a réuni une quarantaine d’universitaires, chercheurs et tintinologues de Belgique, France, Suisse, Portugal, Etats-Unis, Afrique du Sud, afin de à mettre en évidence l’importance exceptionnelle de cette oeuvre dan l’histoire artistique et culturelle du XXe siècle et de saisir le caractère universel des Aventures de Tintin et de leurs prolongements au XXIe siècle.
S’en tenir à une lecture -et une vision- superficielle des aventures de Tintin s’est se priver de délicieuses découvertes. Délicieuses pour l’esprit tant cette oeuvre se fait l’écho de ce qui fonde notre culture -références mythologiques, grecques, bibliques, au Grand Siècle...- et de ce qui a fait le XXe siècle.
Avec la promesse d’une présence vivace dans ce siècle qui commence ; en témoigne les clins d’oeil à l’univers de Tintin qui continuent d’égayer les médias ou encore les adaptations de ses aventures sur de nouveaux supports.
Cosmopolite
Ainsi Nicolas di Mâo, de l’Université Strasbourg, a pu décrire les différentes nuance du cosmopolitisme selon les personnages mis en scène par Hergé : Tintin fait preuve d’un remarquable sens de l’adaptation, là où Haddock est sensible au choc des cultures tandis que les Dupondt incarnent le cosmopolitisme superficiel, celui de touristes.
Olivier Odaert, qui enseigne à l’Académie des Beaux-Arts de Tournai, a montré comment les aventures de Tintin l’ont contribué à la cartographie de nos représentations d’un monde globalisé.
De son côté, Naomi Morgan, professeur à l’Université de Free State, en Afrique du Sud, a expliqué que l’album Tintin au Congo n’a pas droit à une traduction afrikaans "alors que des centaines de milliers de réfugiés et d’immigrés congolais y vivent néanmoins du commerce des statuettes en bois représentant les personnages de Tintin au Congo".
Annick Pellegrin, chargée de cours à l’Université Maurice,a découvert l’existence à Tokyo d’un restaurant du célèbre chef Joë l Robuchon installé dans la réplique à peine modifiée du château de Moulinsart, sans qu’il ne soit fait nulle part mention de l’univers de Tintin...
Au panthéon
Rappelant que les aventures de Tintin ont été vendues à plus de 230 millions d’exemplaires et traduites dans 80 langues, Lionel Sanchez, professeur à l’Université Perpignan, considère que Tintin à tous les attributs d’un mythe moderne dont le caractère universel et intemporel pourrait s’insérer en de nombreux points dans la tradition du héros de l’épopée qui se fait porteur des évolutions de la société.
Hergé, souligne-t-il, a construit un être d’exception, lié à la population pour laquelle il se bat et où prédomine le don de soi. Sa récompense est dans la reconnaissance éternelle que lui offre la cité. La figure de Tintin, note-t-il, continue encore à inspirer de nombreux personnages fictifs "dont certains, comme Indiana Jones, se hissent encore au panthéon des héros de cinéma".
Le conclusions de ce passionnant colloque ont notamment été tirées par Benoït Peeters. Ecrivain scènariste et critique, il est l’auteur de plusieurs ouvrages de référence sur Hergé et son oeuvre. Il interviendra à Saint-Nazaire en novembre prochain à l’invitation, notamment, de l’association Les 7 Soleils.