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La traversée de Hergé préparant L’Île noire
Avec Tintin à bord du Prince Baudouin
Par Marcel Wilmet, dessins de Stanislas
mardi 20 avril 2021
La malle Prince Baudouin est le ferry à bord duquel, dans L’Île noire, Tintin embarque pour rejoindre l’Angleterre. Il a été précédé un peu plus tôt par Hergé. Raconté par Marcel Wilmet, ce voyage du créateur de Tintin est l’occasion de d’couvrir le magnifique paquebot ostendais.
Le 17 avril 1937 paraît dans Le Petit Vingtième la première planche d’une nouvelle aventure de Tintin L’Île noire. Elle aura pour cadre principalement l’Écosse où œuvrent dans leur repaire des faux-monnayeurs.
La précédente aventure, L’Oreille cassée, qui se déroulait en Amérique du Sud, s’est achevée dans l’édition du Petit Vingtième du 27 février précédent. Tintin a à peine eu le temps de défaire ses valises.
Quant à Hergé, il a mis à profit un court voyage organisé par les routiers de Saint-Boniface, son ancien collège, pour s’imprégner de l’atmosphère du sud de l’Angleterre. Pour traverser le Channel, il a tout naturellement pris la malle Prince Baudouin, celle-là même à bord de laquelle il fera embarquer Tintin.
Uchronie
Marcel Wilmet prend le parti de l’uchronie pour raconter cette traversée : Hergé n’est pas accompagné ici des amis de la troupe de Saint-Boniface. Il voyage seul, sinon escorté jusqu’à l’embarquement à Ostende par une pie, succédant silencieusement à un certain fox-terrier, et, à son insu tout au long de la traversée vers Douvres, par deux quidams mystérieux mais attentionnés.
Le récit de cette traversée, illustré des dessins au trait limpide de Stanislas, de photos historiques et de documents d’époque, est le prétexte à nous faire découvrir le Prince Baudouin, le ferry ostendais qui fut le plus moderne et le plus rapide de son temps, magnifique paquebot sur lequel, le court temps de la traversée, on pouvait se croire à bord d’un transatlantique.
De nombreuses photos du navire, de ses mouvements à Ostende, de ses ponts, de ses intérieurs au goût délicat, de son approche des falaises de Douvres, donnent envie de foncer sur la nationale 9, débouler sur le quai, bondir de la coupée et, "ouf !", reprendre son souffle en regardant la côte belge s’éloigner.
Ruban bleu
Le Prince Baudouin fut distingué par le Ruban bleu pour avoir établi le record de vitesse de la traversée de la Manche ; en juillet 1936, alors qu’il effectuait un voyage de promotion, le bateau se retrouva dans le port du Havre, côte à côte avec un autre détenteur du Ruban bleu, sur l’Atlantique celui-là : le prestigieux paquebot Normandie, construit à Saint-Nazaire...
Le Prince Baudouin fut très actif durant le terrible intermède de la guerre. Après avoir contribué à l’évacuation, en mai 1940, de centaines de réfugiés belges vers l’Angleterre, il transporta, pour le compte du Ministère de la Guerre anglais, des troupes alliées sur tous les fronts et participa aux débarquements de Sicile et de Normandie.
Rendu à la Belgique en 1945 et restauré, la malle Prince Baudouin reprit du service sur la ligne Ostende-Douvres jusqu’en 1963.
Lorsqu’à la demande de l’éditeur anglais, L’Île noire est mise au goût du jour en 1965 sous le crayon de Bob de Moor, la malle Prince Baudouin est remplacée dans la nouvelle édition par un autre bateau, plus contemporain, probablement le Reine Astrid.
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