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Yves Horeau et Tintin
mercredi 10 décembre 2003, par
– De tous mes amis d’enfance, Tintin est le seul qui n’ait pas pris une ride. Quand j’ai fait sa connaissance en 1948, j’avais treize ans et lui, à dix-neuf ans, en paraissait quatorze.
– Depuis - l’ultime aventure date de 1976 - il a peut-être vieilli d’une ou deux années mais pas plus et je n’ai jamais douté que lui et moi avons à peu près le même âge.
Mon premier album, Le secret de la Licorne, m’avait été offert à l’occasion d’une appendicite. J’en garde un souvenir inoubliable, car rien n’est plus douloureux qu’un éclat de rire quand on a un trou dans le ventre. À sa lecture, instantanément, j’ai compris que j’avais affaire à un chef-d’œuvre. J’étais déjà féru de bandes dessinées car ma famille, loin d’être hostile à ce qu’on appelait alors dédaigneusement les "illustrés", m’avait initié à Babar et aux récits de Benjamin Rabier avant même que je sache lire. À treize ans, je connaissais presque toutes les aventures de Bécassine, Zig et Puce et même d’autres vedettes oubliées comme Buster Brown ou Yoyo et Yeyette, sans compter Bibi Fricotin et les Pieds Nickelés (mal considérés) que je lisais chez le coiffeur. Très tôt, je m’étais donc familiarisé avec ce nouveau moyen d’expression, futur neuvième art pour le moment réservé aux enfants, qui alliait avec bonheur l’écriture, le dessin et, pour le mouvement, la technique du cinéma.
Mon admiration pour Tintin était justifiée. On sait aujourd’hui qu’Hergé est le véritable créateur de la Bande Dessinée en Europe, inimitable par la lisibilité et l’élégance de son style graphique qu’on appellera un jour la "ligne claire", par l’originalité des scénarios qu’il écrit dans une langue superbe et aussi par la mise au point incessante de procédés devenus si courants en B.D. qu’on en a oublié l’auteur, par exemple l’idée d’imposer aux personnages de se déplacer généralement de gauche à droite dans le sens habituel de la lecture, la "bande sonore" des onomatopées imagées, la généralisation des "bulles" pour les dialogues, l’adaptation de la dimension des cases aux péripéties du récit, une case en hauteur pour un avion en piqué, une case allongée pour la traversée d’un désert...
Pendant que j’arrachais à mes camarades de classe les numéros de Cœurs vaillants dans lesquels étaient parues d’autres aventures de Tintin, Le secret de la Licorne faisait le tour de la famille qui, de préférence à Cœurs vaillants, s’abonna aussitôt à l’hebdomadaire Tintin. Celui-ci, qui connaissait un énorme succès en Belgique, venait de faire son apparition en France. Nous l’avons lu pendant trente ans. Je l’ai reçu même sous les drapeaux en Algérie. Les numéros m’arrivaient tout fripés avec huit jours de retard car ils avaient fait les délices des vaguemestres, du commandant, du capitaine, etc., chacun les réinsérant religieusement après lecture dans la bande d’expédition à mon nom. Civils ou militaires, nous attendions tous fiévreusement le jeudi, parce que les aventures de Tintin et Milou sont écrites comme des feuilletons.
Le lecteur d’aujourd’hui ne peut mesurer à quel point Hergé avait le génie du suspense. Chacune de ses planches hebdomadaires se terminait sur une énigme ou un point d’interrogation. Jamais un album qu’on lit de bout en bout, les planches (pages) succédant aux planches, ne pourra susciter autant d’impatience haletante ! Tous, parents, enfants, garçons, filles, nous savions par cœur le corpus des albums parus. Une large partie du vocabulaire familial, la plupart des surnoms attribués à notre entourage, certaines expressions typiques étaient et sont encore empruntées à l’œuvre d’Hergé. Quand ma grand-mère atteignit l’âge de soixante-dix-sept ans, elle écrivit au journal Tintin (réservé aux personnes de 7 à 77 ans !) pour demander une dispense et obtint ainsi un abonnement gratuit...
Nous achetions parfois d’autres périodiques pour enfants, Pierrot, Coq Hardi, Mickey, La Semaine de Suzette, Spirou surtout, lu pendant vingt-cinq ans ; pourtant, même aujourd’hui, Tintin m’a toujours paru d’une autre essence, incomparable. Le secret de la réussite d’Hergé, j’y ai beaucoup réfléchi sans jamais vraiment l’élucider. Peut-être réside-t-il dans la recette d’un équilibre savamment dosé entre le rêve de l’enfance et le réalisme du siècle. Tintin est un héros qui accomplit tout ce à quoi aspire un adolescent. Il voyage partout, conduit n’importe quel véhicule, vit seul, ne reçoit ni ordres ni conseils. Il ne travaille pas, ne manque jamais d’argent, moyennant quoi il dame leur pion aux grandes personnes, au point d’en remontrer quotidiennement à un capitaine de navire ! Certes, on pourrait parfois lui reprocher de jouer les modèles trop parfaits. Il est un peu moraliste, boy-scout à tous crins, mais à ses côtés, heureusement, il y a Milou qui représente l’enfance turbulente avec ses défauts sympathiques, la paresse, la gourmandise. " Tintin représente les hommes tels qu’ils devraient être et Milou tels qu’ils sont ! "
Aujourd’hui, nos enfants relèvent cependant une anomalie qui les surprend : Tintin n’a pas de petite amie contrairement aux héros actuels des bandes dessinées pour adolescents. À l’époque, faut-il le rappeler, la question ne se posait pas. Les garçons et les filles étaient élevés séparément à l’école, dans les mouvements de jeunesse, dans les stades, dans la cité. D’ailleurs la loi de 1949 sur les publications destinées à la jeunesse, extrêmement sévère, votée par les communistes et les démocrates chrétiens du M.R.P., ne l’aurait jamais toléré. J’avoue que je ne regrette rien, ayant toujours considéré qu’une femme (surtout à l’époque) est le commencement d’une famille et par conséquent un lourd handicap dans un roman d’aventures. Hergé était d’ailleurs de mon avis. À la demande des bons pères qui dirigeaient Cœurs vaillants, il avait accepté de dessiner les aventures d’une famille, celle de Jo, Zette et Jocko, mais s’en est mordu les doigts. "Cela n’a pas été une sinécure ! confiait-il à Numa Sadoul. Ce papa et cette maman passaient le plus clair de leur temps à sangloter et à s’interroger sur le sort de leurs pauvres enfants qui disparaissaient dans toutes les directions. Il fallait alors faire voyager toute la famille : c’était harassant ! ... Tintin, lui, au moins, est libre ! Heureux Tintin !... Ça me rappelle le mot de Jules Renard : "Tout le monde ne peut pas être orphelin !"
On a fait beaucoup d’enquêtes pour déterminer quel est le personnage d’Hergé que préfèrent les lecteurs. La palme revient toujours au capitaine Haddock, sans doute parce qu’il est le plus humain, mais pour ma part, c’est Tintin qui me fascine encore aujourd’hui. À mes yeux de féodal incorrigible, il représente le chevalier des temps modernes, celui qui défend les bonnes causes sans verser de sang tout en empruntant ses armes aux romans d’aventures, ou policiers, sans jamais se prendre au sérieux. Ma génération, saturée d’héroïsme tragique, avait grand besoin de rire et la saga tintinesque est une étonnante anthologie de tous les genres de comique. D’ailleurs, les deux personnages célèbres auxquels Tintin est le plus souvent comparé, y compris dans les albums, sont Don Quichotte et Sherlock Holmes qui incarnent, l’un l’héroïsme burlesque, l’autre l’humour cérébral.
Le réalisme est le second des atouts majeurs d’Hergé car il plaît aux enfants. Les personnages sont légèrement caricaturés mais pas trop, pour rester crédibles. Un enfant ne peut pas prendre au sérieux les risibles desperados de Lucky Luke ou les grotesques Romains d’Astérix. On voit bien que ces deux B.D. sont à l’usage des grandes personnes. Réalisme des personnages mais aussi du décor, des autos, des avions, des uniformes minutieusement reproduits que chaque génération reconnaît. Réalisme de l’expédition lunaire. Réalisme approché de certains événements historiques comme la tension sino-japonaise avant la guerre, la lutte entre résistants juifs, impérialisme britannique et populations palestiniennes dans le premier Or noir...
Tintin témoin de notre temps
L’adolescent se projette donc inconsciemment dans les aventures de son héros et de son époque. Il devient pour quelques heures ce Tintin dont le visage à peine esquissé, "zéro ouvert sur l’infini", se prête à toutes les identifications. C’est ce que j’ai fait, le plus longtemps possible. Quand est venu l’âge des études supérieures, j’ai commencé à m’interroger sur la face cachée de mon alter ego, sur le sous-jacent, sur ce qui a pu se passer entre les cases ou entre les albums, et qui n’est pas dit... En 1958, devant le cercle littéraire de Paimboeuf, je prononçai ma première conférence intitulée un peu naïvement Tintin dans la littérature. Encouragé par l’exemple de Pol Vandromme, ce précurseur qui publia en 1959 Le monde de Tintin, je me mis à étudier l’œuvre d’Hergé comme d’autres étudient celles de Stendhal ou Balzac. Malheureusement, la vie professionnelle ne me laissa guère le temps nécessaire pour poursuivre mes travaux. Jamais, pourtant, je n’ai perdu de vue le jeune homme pressé compagnon de ma jeunesse, lisant et relisant ses aventures ainsi que tout ce qui paraissait sur Hergé et son œuvre, esquissant parfois quelques rares études, dessinant par exemple le plan de son appartement du 26 rue du Labrador à partir des vignettes éparses dans l’œuvre, retraçant la légère évolution de sa garde-robe légendaire ou encore reconstituant avec les ingénieurs de mon usine les données scientifiques et les calculs de l’expédition lunaire. Je continuai aussi à donner des conférences mais ce n’est qu’à l’âge de la préretraite, cinquante-sept ans en 1992, qu’il me fut loisible de véritablement renouer avec la tintinologie. Hergé était mort depuis neuf ans.
Jamais je ne l’avais rencontré mais par un hasard incroyable, il se trouve qu’un message signé de lui est arrivé dans ma boîte aux lettres. Voici l’histoire. Un beau jour, l’ancien secrétaire de la Fondation Hergé à Bruxelles, devenu un ami, m’interroge :
"Depuis quand habites-tu à Nantes, 35 rue Casimir Perier ?
Depuis 1971.
Eh bien, il y a dans les archives d’Hergé un double d’une lettre qu’il a adressée 35 rue Casimir Perier à Nantes, Loire Maritime ( ! ) le 8 janvier 1958 à... Jean-François Régnault !"
Et il m’en communique la photocopie. La lettre d’Hergé répondait à une objection pertinente à propos d’un détail peu cohérent d’une vignette de Tintin en Amérique et le destinataire était le fils de celui qui m’avait vendu la maison !
Depuis onze ans, une bonne partie de mes loisirs de préretraité puis de retraité a donc été consacrée à Tintin. J’ai repris mes anciens travaux auxquels j’ai associé quantité de collègues et d’amis dans les domaines les plus divers. Philippe Joëssel m’a redessiné le plan du 26 rue du Labrador, Christian Robin m’a communiqué ses cours sur Tintin à la faculté des Lettres, Yves Cosson collationne tout ce qui paraît sur la BD dans la presse, Jacques Santrot a identifié pour moi une trouvaille archéologique de L’Or noir... Grâce à toutes ces collaborations et à d’autres, je me trouve aujourd’hui à la tête d’un petit catalogue d’ouvrages tintinologiques ainsi composé pour l’essentiel :
Tintin, Haddock et les bateaux. Album édité en 1999 par les éditions Moulinsart, vendu à 40.000 exemplaires environ, récemment traduit en espagnol et en catalan, pour lequel j’ai consulté Jean-Claude Le Mineur, l’historien belge spécialiste de la marine des XVIIe et XVIIIe siècles, le Dr Jean Rojouan pour les calculs de navigation, le médecin général Adrien Carré, le professeur André Vigarié et d’innombrables amis marins.
Les précurseurs d’Apollo 11 qui paraîtra prochainement sous le titre Tintin, Tournesol et la Lune. C’est toute l’histoire de la fusée lunaire d’Hergé, les sources, les données scientifiques, les erreurs, la comparaison avec l’exploit authentique de la N.A.S.A... L’ouvrage a bénéficié des conseils de Robert Mochkovitch de l’Institut d’Astrophysique de Paris, Paul Delaunay, alors président de la Société d’Astronomie de Nantes, Jean Quinchon, ingénieur général de l’Armement (Poudres), Gérard Guégan, auteur de Ils ont marché sur la lune, du recteur Pierre Delorme, physicien...
L’Europe imaginaire d’Hergé, à l’état de manuscrit, qui traite surtout de la Syldavie et Bordurie, petits pays balkaniques inventés par Hergé. Les sources. Les allusions à l’histoire (Anschluss, Guerre froide). Les langues (Hergé a inventé des langues pseudo-slaves en maquillant le marollien, un dialecte bruxellois auquel j’ai été initié par des amis belges néerlandophones).
Tintin et le monde arabe. À l’état de manuscrit, cet essai rend compte des visions successives d’Hergé à propos de l’Islam, de la civilisation arabe, de la colonisation. Beaucoup d’arabophones et d’arabisants, universitaires, arabes d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient m’ont apporté les lumières qui me manquaient.
Tintin et l’Égypte pharaonique, à l’état de projet avancé, qui est écrit en collaboration avec le meilleur hergéologue contemporain, Philippe Goddin.
Bien entendu, pendant cette décennie, je suis resté en contact avec tout ce que la Belgique compte d’érudits spécialistes d’Hergé. Bien accueilli par Fanny et Nick Rodwell, la Fondation Hergé m’a ouvert ses portes et j’ai eu le privilège de consulter moi-même les archives du maître. L’association Les Amis de Hergé m’a également appuyé dans mes recherches et a publié une bonne dizaine de mes articles dans son bulletin. Parallèlement, je m’étais associé dès 1991 au projet audacieux de Jean-Claude Chemin, tintinomane acharné qui a fondé en 1986 l’association des Sept Soleils dont l’objet est de baliser le parcours reconstitué de Tintin, Haddock et Milou à Saint-Nazaire au lendemain de la guerre par des agrandissements sur métal émaillé de dessins extraits des Sept boules de cristal.
Grâce à cette association, dont je suis maintenant le président d’honneur, Saint-Nazaire est devenu, après Bruxelles, le centre le plus actif de la tintinologie dans le monde. Entre autres activités, indépendamment des vignettes géantes érigées dans la ville en 1995, 1996 et 2003, nous avons monté deux expositions à Saint-Nazaire dont la seconde, Tintin, Haddock et les bateaux (70.000 visiteurs), a été reprise et amplifiée avec le concours du Musée de la Marine en 1999 : 300.000 visiteurs. En novembre 2001, les Sept Soleils ont organisé dans le nouveau palais de justice de Nantes un spectacle insolite joué pendant une semaine dans la salle des assises, le procès du général Alcazar jugé pour sa complicité supposée dans l’enlèvement de Tournesol, épisode des Sept boules de cristal dont l’essentiel se passe à Saint-Nazaire. Ce procès, dans le respect le plus strict de la procédure pénale et de l’œuvre d’Hergé, a été l’œuvre collective de juristes tintinophiles nantais et nazairiens, magistrats ou avocats qui ont écrit eux-mêmes leurs réquisitoires et plaidoiries à partir d’un dossier d’instruction tiré des Sept boules. J’incarnais personnellement Alcazar et suis heureux de rappeler ici que j’ai été acquitté.
En somme, à l’amitié admirative de l’adolescent pour le héros a succédé l’intérêt passionné de l’adulte pour le personnage-phare de la bande dessinée témoin de notre siècle (1929-1976). Tintin m’a introduit à l’intérieur d’un véritable réseau dont il est le centre, réseau multidisciplinaire constitué de milliers d’anciens lecteurs enthousiastes qui relisent au second degré leurs albums favoris et de nouveaux lecteurs ravis d’apporter leur pierre à la culture tintinesque. Personne ne refuse jamais de nous aider. Tel égyptologue se penchera sur les hiéroglyphes fantaisistes d’Hergé, tel artilleur dénoncera l’amusante imposture du sceptre en or massif lancé à plus de cent mètres par un ressort à boudin comprimé, tel lépidoptériste étudiera les papillons de l’œuvre, etc. Les mécènes ne nous ont encore jamais fait défaut, entreprises, syndicats, collectivités locales, particuliers, institutions européennes même ! Les amis d’Hergé iront en pèlerinage sur les lieux où il a vécu, rechercheront le souvenir du château de Moulinsart dans celui de Cheverny, visiteront l’hôtel Cornavin en Suisse, reconnaîtront le grand stupa de Katmandou dessiné dans Tintin au Tibet...
Ce réseau fabuleux ne cesse de se développer. Il y a aujourd’hui cent vingt livres et d’innombrables sites Internet consacrés à Hergé. Certains ouvrages sont célèbres comme ceux du psychanalyste Serge Tisseron qui, en faisant connaissance avec le chevalier de Hadoque dont il soupçonne la bâtardise, a formulé l’hypothèse d’un "secret de famille" douloureux, un enfant naturel inavoué, dans l’ascendance d’Hergé. Après la mort de celui-ci en 1983, la généalogie en a apporté la confirmation, un peu comme les astronomes ont pu vérifier au télescope la présence de la planète Neptune après que Le Verrier l’avait découverte par le calcul. La morphopsychologie (Jean-Marie Lepeltier, disciple nantais du professeur Corman) s’est penchée sur le dessin des personnages, en particulier de Tintin qui serait un monstre puisqu’il a un visage de "dilaté" sur un corps de "rétracté", d’où, peut-être, sa popularité auprès de toutes les catégories de lecteurs. Jean-Marie Floch, qui fait une lecture sémiotique de Tintin au Tibet, a démontré que l’intrigue de ce récit étonnant est construite sur le même schéma qu’un mandala. On a joué l’an dernier en France, y compris à Nantes, Les bijoux de la Castafiore adapté par une compagnie suisse, l’Am Stram Gram Théâtre. Des concerts répertoriant tous les airs d’opéra des albums ont été donnés et le spectacle musical Le temple du Soleil, adaptation de Didier Van Cauwelaert, musique de Dirk Brossé et Seth Gaaikema, a connu il y a deux ans un véritable triomphe à Anvers et Charleroi.
Tintin, c’est incontestable, connaît aujourd’hui une nouvelle jeunesse. Avec lui, moi, ouvrier de la première heure, je suis emporté dans un univers en expansion que je ne me lasse pas d’explorer avec des amis de plus en plus nombreux. Pourtant, saturé d’analyses et de dissections, à force d’avoir lu et relu, au second, au troisième degré, il m’arrive, lorsque je reprends un de mes chers albums, d’éprouver la nostalgie de mon appendicite. Qui me rendra l’instant béni de la première lecture ? Dans ces moments-là, je voudrais n’avoir jamais rencontré Tintin et j’envie ceux, très rares, qui ne le connaissent pas encore.
– Une version papier de cet article a été initialement publiée le 10 décembre 2003 sur les presses de l’imprimerie Chiffolleau à Nantes.