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Tintin au cinéma
Sortie du "Secret de la Licorne" en octobre 2011
De la lanterne magique à la 3D
jeudi 1er juillet 2010, par
– Le Secret de la Licorne, premier film tiré par Steven Spielberg des aventures de Tintin, sortira en octobre 2011.
– Le réalisateur d’Indiana Jones met au service de l’oeuvre d’Hergé les technologies les plus avancées : motion capture (mocap) et 3D, qui ont fait le succès d’Avatars.
De la lanterne magique à la 3D, les adaptations des aventures de Tintin au cinéma ont connu toutes les phases de l’évolution technique du 7e Art. Le passage de Tintin, de la planche de bande dessinée à l’écran, se fait en effet d’abord sous la forme de films fixes en noir et blanc.
À partir de 1946, la société parisienne Les Beaux Films adapte ainsi la plupart des albums des aventures de Tintin où les images, que l’on fait avancer en tournant une molette, défilent vue par vue.
Disney
Le premier film animé est un long-métrage, mis en scène l’année suivante par la réalisatrice belge Claude Misonne à partir de l’aventure Le Crabe aux Pinces d’Or. Les personnages sont représentés par des poupées, filmées image par image. Le film connaît un flop retentissant.
Hergé ne se laisse pas affecter par cet échec. Convaincu qu’avec « des moyens appropriés » on pourrait mieux faire, il écrit en avril 1948 à Walt Disney en joignant à sa lettre des albums de Tintin. La réponse des productions Walt Disney a toute l’apparence d’une fin de non-recevoir. Elles invoquent un programme chargé - elles viennent d’attaquer la réalisation de Cendrillon - et lui renvoient ses albums.
Talbot
À l’automne 1957, le producteur André Barret signe une option avec Casterman pour un film de fiction avec acteurs. Il faudra deux années pour monter le projet. Réalisé par Jean-Jacques Vierne sur un scénario de Raymond Forlani, Le Mystère de la Toison d’Or sort en 1961. Le rôle de Tintin est tenu par un jeune moniteur de 16 ans découvert sur la plage d’Ostende en Belgique : Jean-Pierre Talbot. Il est entouré de comédiens renommés : Georges Wilson (Haddock), Dario Moreno, Charles Vanel...
Un second film sort en 1964, réalisé cette fois par Philippe Condroyer sur un scénario d’André Barret. Il a pour titre Les Oranges Bleues. Jean-Pierre Talbot incarne de nouveau Tintin, Jean Bouise reprend le rôle du capitaine Haddock.
En avril 1965, le National Film Board canadien se montre intéressé pour produire un troisième film. Le projet n’aboutira pas.
Syldavie
Retour au dessin animé en 1956 avec le studio belge Belvision, fondé par Raymond Leblanc, le créateur du journal Tintin. Les essais débouchent sur des films en couleur de 5 minutes diffusés à la télévision.
Raymond Leblanc souhaite produire un long-métrage d’animation pour le cinéma. Il lui faut vaincre les réticences d’Hergé qui consent finalement à une adaptation libre du Temple du Soleil, co-produite par Dargaud Films. Le film sort sur les écrans en 1969.
Un second long-métrage d’animation, Le Lac aux Requins, est à l’affiche pour les fêtes de fin d’année 1972. Réalisé sur un scénario original de Greg, il a pour cadre la Syldavie.
Il faudra attendre 1992 pour voir une nouvelle production de dessins animés : trente-neuf épisodes d’une demi-heure chacun réalisés par le studio Ellipse, filiale de Canal +, qui connaissent toujours une diffusion internationale.
Belmondo
L’opinion d’Hergé a varié sur la façon d’adapter à l’écran les aventures de sa créature. Quand il écrit à Walt Disney, en avril 1948, il souligne le fait que le maître américain de l’animation pourrait tirer parti du « plan réaliste » sur lequel se déroulent les aventures de Tintin.
Mais quelques années plus tard, lorsque Raymond Leblanc cherche à le convaincre d’accepter la réalisation de longs-métrages d’animation, il répond : « J’ai toujours pensé qu’on devrait faire de meilleurs films Tintin avec des personnages vivants qu’en animant mes dessins ». Et il cite « un grand, un merveilleux film Tintin, ces dernières années. » où « je n’ai été pour rien ». Il s’agit de L’Homme de Rio de Philippe de Broca, avec Jean-Paul Belmondo, sorti en 1964.
Philippe de Broca avait envisagé d’adapter une aventure de Tintin. Finalement, avec L’Homme de Rio, il en donne une interprétation libre où l’on peut trouver des références à L’Oreille Cassée.
Chaînon manquant
L’Homme de Rio est, en quelque sorte, le chaînon manquant entre Hergé et Spielberg. Le film de Philippe de Broca a en effet marqué la génération du « nouvel Hollywood » à laquelle appartient Steven Spielberg ; et celui-ci revendique L’Homme de Rio comme l’une des influences majeures des Aventuriers de l’Arche perdue.
Rien d’étonnant donc dans le fait qu’à la sortie de son film, en 1981, les critiques fassent référence à Tintin. Ce qui l’interroge. Il se procure les albums de Tintin et, séduit, il décide de négocier les droits d’adaptation de ses aventures.
Or Hergé a beaucoup aimé Duel, le premier film (1971) de Spielberg. Aussi accueille-t-il favorablement un projet qui devrait enfin populariser son héros en Amérique. « Le Tintin de Spielberg sera sans doute différent, mais ce sera un bon Tintin » dit Hergé à l’époque. Les deux créateurs prévoient de se rencontrer. Hélas, la rencontre n’aura pas lieu : malade, Hergé meurt à Bruxelles le 3 mars 1983.
Les scénarios que Spielberg fait écrire ne le convainquent pas et, en 1988, l’accord sur les droits d’adaptation arrive à son terme.
Mocap
D’autres réalisateurs s’intéresseront aux aventures de Tintin : Roman Polanski, Claude Berri, qui a produit Astérix, Jean-Pierre Jeunet... sans convaincre les ayant-droits.
En 2002, Steven Spielberg rachète les droits. Un premier projet basé sur Le Secret de la Licorne, avec Tom Cruise et Tom Hanks, ne débouche pas. Car Spielberg ne peut se satisfaire d’une simple adaptation filmée des aventures de Tintin. Il veut reconstituer le monde d’Hergé, un monde où ses personnages « auront l’air de vraies gens, mais des vraies gens vus par Hergé ».
L’évolution technologique va lui apporter les moyens de ses ambitions. Il s’agit de la motion capture, ou « mocap », la capture des mouvements des comédiens mise en œuvre pour la première fois en 2002 par Peter Jackson pour le personnage de Gollum dans Le Seigneur des Anneaux.
Associée à la 3D, la « mocap » a fait plus récemment le succès planétaire du film Avatar de James Cameron.
Trois films
Spielberg s’est associé à Peter Jackson pour la réalisation de trois films en 3D adaptés des aventures de Tintin.
Le premier aura donc pour titre Le Secret de la Licorne et s’inspire de ses aventures maritimes. Tintin y est interprété par Jamie Bell, qui joua Billy Elliot, le capitaine Haddock par Andy Serkis (Gollum dans la trilogie de Peter Jackson) ; Daniel Craig (James Bond) est Rackham Le Rouge et Gad Elmaleh joue Omar Ben Salaad.
La sortie mondiale du Secret de la Licorne est programmée pour octobre 2011. Une sortie évidemment très attendue à Saint-Nazaire où le parcours de Tintin et de ses compagnons, prolongé d’ici là par une table d’orientation, renvoie aux aventures maritimes du célèbre reporter.