Les 7 Soleils

"Et puis, pensez donc : Saint-Nazaire, le port, les quais, l’océan, le vent du large, les embruns qui vous fouettent le visage..."
Archibald Haddock - Les 7 Boules de Cristal

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JOURNÉES EUROPÉENNES DU PATRIMOINE

Ils ont marché dans l’Histoire de Saint-Nazaire et dans les pas de Tintin

lundi 10 octobre 2011, par Jean-Claude Chemin

 L’association Les 7 Soleils participait pour la première fois, les 17 et 18 septembre, aux journées européennes du patrimoine.
 Cette visite dans les pas de Tintin a enchanté ses participants.

Le conseil général de Loire-Atlantique en avait fait son “coup de coeur” nazairien.
Le samedi après-midi, par une météo ressemblant à la description qu’en donne le capitaine Haddock dans Les 7 Boules de Cristal, une vingtaine de personnes ont bravé “le vent du large, les embruns qui vous fouettent le visage”.

Mais, le lendemain, toujours avec le vent et cette fois sous le soleil, elles étaient plus de soixante-dix à partir pour une balade de deux heures dans les pas de Tintin et l’histoire de Saint-Nazaire.
Le parcours proposé par Jean-Claude Chemin, président de l’association Les 7 Soleils, démarrait à proximité de l’office de tourisme, dans la base sous-marine, à l’endroit précis où accostaient les paquebots de la ligne transatlantique.
C’est là, comme le rappellent les deux fresques installées à l’initiative des 7 Soleils, que Tintin aperçoit le général Alcazar au moment où celui-ci va embarquer à bord d’un des paquebots.

Dans un des bassins

La voiture des ravisseurs du professeur Tournesol a été retrouvée dans un des bassins du port. Ces ravisseurs dont on apprend qu’il s’agit probablement d’indiens Quechua ont pu, très logiquement, emmener leur prisonnier jusqu’au port français tête de ligne de la “Transat” pour l’Amérique centrale et, via le canal de Panama, l’Amérique du Sud et le port de Callao au Pérou, où on les retrouvera dans Le Temple du Soleil.

C’est du moins ce qu’ils ont voulu faire croire. Car, on le sait, c’est après avoir rejoint La Rochelle que Tintin et ses compagnons renoueront de manière fortuite avec la trace de leur ami.
Première liaison régulière entre la France et le nouveau continent, la ligne transatlantique au départ de Saint-Nazaire fut ouverte en 1862, deux ans avant celle qui reliera Le Havre à New-York. Elle fut interrompue en pleine débâcle après une dernière traversée le 20 mai 1940 quand le paquebot Champlain quittait Saint-Nazaire à destination, cette fois, de New-York avec è son bord le grand po�te russe Vladimir Nabokov qui fuyait le nazisme.

Impasse

Les visiteurs se sont ensuite rendus entre les deux bassins du port, là où la fresque résume l’épisode nazairien : une impasse.
L’endroit est tout indiqué pour commenter la création et le développement du port : la création du bassin de Saint-Nazaire, inauguré le 24 décembre 1856 pour accueillir les bateaux dont le tonnage ne permet plus de remonter jusqu’à Nantes.
Très vite ce premier basin ne suffit pas. Un second est mis en chantier, inauguré en 1881. La taille des bateaux continuant d’augmenter, l’entrée devient trop étroite. On décide donc l’ouverture d’une nouvelle entrée, côté sud, qui , en 1907, coupe le bourg primitif de la ville poussée d’un coup au cours la seconde moitié du XIXe siècle.

Le Normandie

La balade se poursuit, longeant la forme Joubert creusée pour permettre l’entrée, après son lancement, du paquebot Normandie et son achèvement dans le bassin de Penhoët. On ne s’éloigne pas des aventures de Tintin : souvenez-vous que le célèbre reporter revient d’Amérique à bord du prestigieux paquebot, navire qu’il emprunte également dans la version noir et blanc de L’Oreille cassée !
Hergé, très admiratif de la forme du Normandie, l’a également fait figurer à la fin de L’Eruption du Karamako, une des aventures de Jo, Zette et Jocko.

Puis on s‘arrête à hauteur de l’entrée est, en partie recouverte par un blockhaus construit par l’Occupant pour abriter l’entrée de ses sous-marins. Ce sas ne fonctionnera jamais, faute d’un radier capable de supporter les poids conjugués de l’eau et du submersible.
Il abrite un sous-marin français, l’Espadon qui peut être visité. L’occasion de rappeler que les chantiers nazairiens ont aussi construit des sous-marins dans les années 1920 pour des marines étrangères et qu’une des salles de l’édifice fortifié a accueilli en 1999 l’exposition Tintin, Haddock et les bateaux et le fameux mini-sous-marin du professeur Tournesol construit à la demande des 7 Soleils.

Rasé

On rejoint le Vieux Môle, premier édifice portuaire de Saint-Nazaire, réalisé entre 1829 et 1935, pour abriter la navette à vapeur qui reliait le petit bourg de pilotes au grand port de Nantes. Là, entre autres, débarquèrent Balzac -dont le roman Béatrix se passe à Guérande- et Stendhal.

La table d’orientation Tintin et la mer a été implantée à l’ombre tutèlaire du petit phare. Elle indique les autres ports réels parcourus par Tintin.

Le regard porte sur l’estuaire, le large et le chantier de construction navale implanté dans les mois qui suivirent l’inauguration de la ligne transatlantique.

On tourne dos à ce qui fut le bourg primitif de Saint-Nazaire, rasé en 1942 par l’Occupant après l’opération Charriot, audacieux raid britannique qui fera prochainement l’objet d’un nouveau film dont le metteur en scène sera celui des aventures de Harry Potter !

Chicago

On revient par la grande fresque située quai du commerce qui montre l’enlèvement du capitaine Haddock sur un ballot et où on apprend comment Hergé inventa le bouillant capitaine.
On passe devant le terminal frigorifique, créé par l’armée américaine qui avait fait de Saint-Nazaire le premier port de débarquement de son corps expéditionnaire entre 1917 et 1919, une architecture qui a peut-être rappelé à Tintin celle des frigorifiques qui flanquaient les abattoirs de Chicago.
Et l’on se retrouve au point de départ, visiblement enchanté, au terme de cette promenade dans la réalité, dans l’histoire et dans l’imaginaire...